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L'anxiété chez le chat

L'anxiété est définie comme « un état réactionnel caractérisé par l'augmentation de probabilité de déclenchement de réaction analogue à celle de la peur, en réponse à toute variation du milieu ».

Signes cliniques de l'anxiété

Comme chez l’Homme, l’animal exprime ses sensations de « mal être », d’angoisse, d’anxiété ou de dépression par des signaux qu’il nous faut identifier pour combattre. L’apparition d’un de ces signes doit vous motiver à consulter un vétérinaire.

  • Comportements de défense : immobilité, évitement, fuite ou agressions* lorsque l’on essaie de forcer le contact.
  • Augmentation du marquage urinaire, augmentation des griffades et diminution du marquage facial*.
  • Signes associés : sudation des coussinets plantaires, pupilles dilatées, modification des selles, respiration rapide, hypersalivation.
  • Exacerbation du toilettage, léchage « compulsif », boulimie, activité motrice excessive.
  • Troubles du sommeil : parfois diminution de la durée du sommeil ou lieu de repos dans des cachettes.
  • « Rolling skin syndrome » : ondulation de la peau.

Les maladies associées à l'anxiété chez le chat

L’anxiété de privation

C’est le nom donné aux troubles du comportement qui résultent d’un défaut d’apprentissage des choses de la vie : le chaton a été « privé » de contact ou trop peu mis en contact, depuis sa naissance jusqu’à sa 8° semaine de vie, avec des bruits, des personnes, des animaux et n’a pas appris à les reconnaître comme familiers. 

Cette anxiété se manifeste par des peurs vis-à-vis des bruits/objets du quotidien. Au stade plus avancé, le chat craint le contact humain, mange la nuit, limite ses déplacements, est toujours sur le quivive. Dans les cas graves, le chat est totalement prostré, caché, refuse de manger et de dormir.

L’anxiété chez l'adulte

L’anxiété chez l’adulte peut apparaitre d’emblée suite à une situation traumatisante ou être l’évolution de phobies (peurs au stade extrême) non dépistées et non soignées. Cette anxiété évolue vers l’hyperagressivité*, les troubles de l’humeur ou la dépression*.

L’anxiété du chat en milieu clos

Pour le chat qui a été élevé dans un milieu riche en stimulations, à la campagne en accès libre à l’extérieur, pouvant voir des oiseaux, des souris et chasser librement et qui se retrouve après l’adoption dans un appartement, l’adaptation est parfois difficile et il peut développer une anxiété en milieu clos. Elle se manifeste par les symptômes suivants :

  • Agressions de prédation* assez caractéristiques : le chat se cache et attaque les pieds des propriétaires comme s’ils étaient une proie, plus souvent le soir, avec des morsures souvent vulnérantes.
  • Agressions par irritation* : agressions brutales au cours de caresses, souvent précédées d'une mydriase (le chat a le regard noir), d'hypersensibilité* et d'un raidissement du corps.
  • Agressions redirigées* sur les propriétaires à la vue d'une proie potentielle inaccessible (à travers la fenêtre).
  • Crises motrices souvent à la tombée de la nuit, non régulées : le chat se met à courir et à grimper partout, parfois en crachant et feulant sans raison identifiable souvent décrites comme des « crises de folie ».
  • « Rolling skin syndrome » habituel.

Les agressions peuvent devenir très dangereuses. Une des solutions pour régler le problème est d’enrichir le milieu (cachettes, supports en hauteur, jeux, mobiles), distribuer l’alimentation en différents endroits, cachée pour recréer des séquences de chasse. Pour empêcher les agressions, il faut stopper la séquence au tout début en vaporisant un jet d’eau, jetant une balle rebondissante ou en tapant dans ses mains au moment où vous sentez que le chat va attaquer. Il ne faut jamais taper le chat.

L’anxiété de déterritorialisation

Une désorganisation du territoire comme un déménagement, des travaux, un changement de mobilier, des nettoyages trop fréquents, l’arrivée d’un enfant ou d’un autre animal perturbe le chat parfois jusqu’à l’anxiété.

Celle-ci se manifeste alors par du marquage urinaire pouvant aller jusqu’à de la malpropreté, des griffades, des agressions territoriales et par irritation, un accroissement du flehmen*.

Identifiés rapidement, les troubles rétrocèdent correctement à la thérapie :

  • Arrêt des sanctions.
  • Protection physique des endroits griffés ou marqués (couvertures de survie par exemple)
  • Stopper la séquence « sur le fait » : jet d'eau ou d'un objet au début de la séquence de marquage (au moment où vous voyez le chat frétiller de la queue comme s’il allait déposer un spot urinaire), poser une serviette sur le canapé qui tombera lorsque le chat essaiera de griffer.
  • Proposer plusieurs litières (autant de litière que de chat dans la maison +1, dans des endroits calmes et à distance du lieu d’alimentation) et plusieurs griffoirs attractifs (le griffoir est horizontal et en évidence).
  • Au besoin, réorganisation territoriale du chat en étape : restriction de l'espace puis accès progressif au territoire.

L’anxiété de cohabitation

L’anxiété de cohabitation apparait à l'introduction d'un nouvel individu, lors d'un changement d'allure ou d'odeur d'un animal familier (retour d'hospitalisation) ou lors de la puberté d'un chaton. Il résulte de l'impossibilité d'organiser le territoire de façon apaisante entre les 2 chats, aggravée par les interventions des propriétaires. Les troubles touchent les deux animaux.

L'évolution se fait en trois phases :

  • Distanciation (non pathologique). Dès la mise en contact des deux chats : menaces, charges, cris et feulements très expressifs, sans conséquences physiques. Cette phase permet normalement la distribution territoriale. Si les propriétaires interviennent, les règles de la cohabitation ne peuvent s'établir, l'évolution se fait vers la phase 2.
  • Escarmouches : le chat actif envahit le territoire, surveille les abords des lieux de repos de l'autre chat ; le chat passif évite et s'isole. Les propriétaires cherchent souvent à protéger celui qu'ils pensent être attaqué : ceci aggrave la situation.
  • Obnubilation. Le chat actif surveille, est hypervigilant* et agressif. Le chat passif est inhibé et présente des activités de substitution (léchage excessif, boulimie) évoquant une anxiété permanente.

La meilleure prévention est de ne pas intervenir lorsque l’on introduit un nouveau chat : il va y avoir des escarmouches mais chacun va gagner son territoire et une fois que la discussion entre les 2 chats sera close, tout ira bien.

L’utilisation de phéromones facilite cette étape.

Dans les cas graves, il faut prendre conseil auprès d’un vétérinaire : les 2 chats sont malades et il faut soigner les 2, même si vous avez l’impression qu’il y a un fort (qui va bien) et un faible (qui est persécuté).

*Petit lexique de comportement chez le chat

Marquages : ce sont des marques visuelles et/ou olfactives pour délimiter les territoires du chat. Il y a les marquages urinaires ou spots urinaires, le marquage facial quand le chat se frotte les joues sur un objet ou sur une personne et les griffades qui sont des coups de griffes portées sur un support vertical.

Territoirele chat est un animal territorial qui s’apaise dans son environnement. Il délimite des territoires (ou champs) différents dans lesquels il mange, il joue, il rencontre les autres, il chasse, il fait ses besoins ou il se repose. Ces territoires sont marqués (griffades, marquage urinaire ou marquage facial) et sont reliés entre eux par des chemins.

Agression : une agression est une suite de signaux émis par le chat, menace (feulement, crachement, coups de pattes dans l’air, poil hérissé…), attaque (morsure ou coups de griffes sur l’intrus) puis apaisement en réaction à quelque chose que le chat ne supporte pas (peur, manipulation, intrusion dans son territoire…). Les agressions chez le chat sont de différentes sortes, selon leur fonction (manifestation de peur dite agression par peur, bagarre de territoire dite agression territoriale, attaque lorsque le chat en a marre des manipulations qu’on lui inflige, dite agression par irritation, protection de la portée dite agression maternelle ou agression pour chasser dite agression de prédation) et la position « hiérarchique» du chat (le chat prend une position de défense ou au contraire d’attaque). 

Mimiques faciales (d’après AC Chappuis-Gagnon)

Agression redirigée : lorsque le chat « frustré » de ne pas pouvoir chasser ou de ne pas pouvoir attaquer celui qui le dérange (chat en appartement voyant par la fenêtre des oiseaux ou d’autres chats visitant son balcon), attaque en réaction son propriétaire. Ce type d’agression est retrouvé en consultation lorsque le chat a peur du vétérinaire et qu’il mord son maître.

Hyperagressivité : trouble du comportement dans lequel, le chat ayant compris qu’une agression permettait d’obtenir ce qu’il voulait, agresse dès la moindre « contrariété », sans phase de menace. Le chat ne prévient pas et les attaques sont de plus en plus violentes.

Phéromones et flehmen : les phéromones sont des substances volatiles, mais sans odeur, reconnues entre chats par un petit organe à l’intérieur des narines (l'organe de Jacobson) lors du comportement de flehmen (gueule entrouverte, lèvre supérieure relevée et mouvements rapides de la langue amenant l'air vers le palais).

Dépression : état d’un chat qui a perdu « le gout de la vie » caractérisé par une diminution de toutes les activités normales (baisse de l’appétit, diminution du toilettage, diminution des contacts avec l’entourage…) et une augmentation du sommeil.

Hypersensibilité : état d’un chat trop sensible aux variations de l’environnement, qui sursaute ou attaque au moindre bruit, au moindre contact. Elle est souvent associée à une hypervigilance, c'est-à-dire un chat qui surveille tout et est toujours sur le qui-vive.

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